Il ne faut plus DECONNER, il faut DECARBONER ! C’est un objectif majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation des ressources de notre planète.
En France, par exemple, un des axe d’investissement du plan de relance vise à la décarbonation de l’industrie, près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre étant issus des activités industrielles. Des efforts importants sont nécessaires mais les équipements qui permettent à l’industrie de moins polluer sont généralement plus chers et moins rentables que l’utilisation d’énergies fossiles.
Mais cela c’était dans le monde d’avant. Dans le monde d’après il y a Bloom Biorenewables. Cette start-up suisse issue de l’EPFL développe un fractionnement innovant de la biomasse. Alors que des substituts au pétrole émergent comme carburant, aucune source rentable de carbone non fossile ne le remplace pour l’instant dans les matériaux. Pour en trouver une, deux possibilités s’offrent aux chercheurs : utiliser le carbone stocké dans le CO2 de l’atmosphère, où il est difficile à récupérer car très dilué, ou l’extraire de la biomasse. La technologie développée par Bloom Biorenewables permet d’extraire sans altération, en plus de la cellulose, les autres composants de la biomasse que sont la lignine et l’hémicellulose. Ce qui ouvre un large potentiel d’applications et une utilisation totale de près de 75 % de cette ressource.
« Tout le monde sait que la diffusion massive de carbone d’origine fossile dans l’atmosphère est un contributeur majeur au réchauffement climatique, mais la majorité des gens ne se rend pas compte à quel point nous en sommes dépendants et qu’il est urgent de mettre fin à toutes nos émissions », souligne Rémy Buser, CEO de Bloom Biorenewables, qui ajoute, « Le Plan d’action sur l’économie circulaire, une feuille de route de l’UE pour atteindre l’objectif de neutralité climatique à l’horizon 2050, vise justement à imposer des emballages et autres produits en plastiques durables et à renforcer la responsabilité des producteurs ».
« La technologie que nous développons permet de fabriquer des produits durables et circulaires », note Florent Héroguel ( COO de la start-up). L’avantage de ce carbone « vert » est de s’insérer dans le cycle naturel qui se produit à la surface de la Terre et d’éviter le déséquilibre créé par l’extraction du carbone enfoui sous nos pieds depuis des dizaines de millions d’années, responsable en grande partie de l’effet de serre. Ce carbone renouvelable peut servir notamment à la fabrication de plastiques d’emballage, de parfums et de biocarburant marin.
Bill Gates n’ouvre pas Office 365 mais son portefeuille pour financer la start-up
L’entreprise située à Marly (CH) a clôturé en février son « Seed Round » de financement, qui a permis de lever un total de 3,9 millions d’euros à partir de sources dilutives et non dilutives. Cet investissement confirme le potentiel de la star-up pour agir en tant que leader dans le domaine de la durabilité et accélérer l’entrée sur le marché de ses solutions. La jeune entreprise fait un pas de plus vers l’industrialisation en levant ces 3,9 millions d’euros, qui représentent non seulement un important soutien financier, mais également une marque de reconnaissance de spécialistes internationaux dans le domaine. Le tour de financement a été en effet piloté par Breakthrough Energy Ventures-Europe (BEV-E), un nouveau fonds européen orchestré par Bill Gates et dédié aux startups « visionnaires, intrépides et alignées sur une stratégie globale de décarbonatation ».
Breakthrough Energy Ventures-Europe (BEV-E) le fonds qui investit dans des technologies révolutionnaires pour décarboniser tous les secteurs de l’économie
Ce fonds pilote de 100 millions d’euros, le premier du genre a été créé en mai 2019 dans le cadre d’un partenariat entre Breakthrough Energy Ventures (BEV) et la Commission européenne (CE). C’est un leader mondial dans l’établissement d’objectifs climatiques et dans le soutien à la recherche et au développement en matière d’énergie propre et de solutions pour décarboner la planète. La moitié des fonds propres provient de BEV et l’autre moitié d’InnovFin, l’outil de financement de la CE pour la recherche et l’innovation pionnières. Bill Gates qui a fait l’essentiel de sa vie dans le monde du software sait aujourd’hui que quelques lignes de code ne sont pas suffisantes pour améliorer la santé des humains. D’ou sa démarche pour trouver un type de toilettes sèches pouvant être présent dans tous les pays du monde, puis désormais sa volonté d’investir dans des solutions permettant de décarboner la production de biens.
Cet investissement en faveur de Bloom Biorenewables démontre l’impact et les espoirs qui sont attaché aux process de la start-up, qui utilisera sa technologie pour convertir les déchets végétaux en produits chimiques de valeur.
La Swisstech montre par ce biais qu’elle n’est pas absente des débats à l’échelle internationale. Voila que se dessine un monde ou on a pas pas (plus besoin) de pétrole mais ou il nous reste les idées, ce qui peut nous rendre optimiste.