Lui, c’est un petit poisson frétillant, qui brille sous la surface de l’eau de son aquarium une fois capturé et qui de part ses flans rayés, porte le nom de Zebrafish ou poisson-zèbre. Qui aurait imaginé qu’un jour des scientifiques et des investisseurs seraient restés passionnément scotchés devant des powerpoints leurs parlant d’un petit poisson frétillant aux écailles brillantes.
Sans doute parce ce que derrière chaque investisseurs, il y a un homme intéressé à faire une bonne pèche. Et là, Venture Kick a ferré un futur gros poisson qui correspond tout à fait à son objectif: Aider une start-up Suisse à se développer.
Bionomous remporte 150 000 CHF auprès de Venture Kick
Bionomous, startup de Lausanne, issue de l’EPFL, combine une conception innovante de micro-ingénierie et des méthodes de machine learning pour développer des appareils qui permettent d’identifier, trier et distribuer automatiquement des entités biologiques de petite taille.
Le premier prototype de la startup lausannoise permet le tri des oeufs de poisson-zèbre, un modèle commun et en pleine croissance utilisé dans les études en génétique, en biologie du développement et du comportement et en toxicologie.
L’oeuf de poisson-zèbre, du caviar pour les laboratoires !
En quoi un poisson-zèbre semble si intéressant dans le monde de la recherche scientifique ? J’avoue que je l’ai appris en travaillant sur ce sujet. Ce qui est particulièrement intéressant chez cette espèce aquatique, est dû notamment à sa capacité à produire beaucoup d’oeufs en peu de temps. Le poisson-zèbre peut en effet produire jusqu’à 300 embryons par semaine, d’où son appellation d’éleveur prolifique. Autre avantage, la structure de ces oeufs permet au biologiste de travailler car elle est reconnue pour être particulièrement adaptée à la recherche scientifique. Les oeufs de poisson-zèbres présentent des propriétés remarquables permettant d’étudier, sur plusieurs générations, des aspects liés à la génétique, au développement, au comportement biologique et à la toxicologie. Les poissons-zèbres sont donc très populaires dans les expériences précliniques de dépistage des médicaments, car il est facile d’évaluer les effets des médicaments sur les embryons et les larves en développement. En outre, ces essais biologiques sur le poisson-zèbre s’avèrent moins chers et plus rapides que sur les souris avec une équivalence de résultats et de fiabilité. Le blog de Bionomous apporte sur son site de nombreux détails sur les différentes recherches concernant les maladies examinées.
Au cours des dix dernières années, le poisson-zèbre a connu une forte croissance en tant qu’organisme-modèle dans les milieux de la recherche et de l’industrie, un marché estimé à plus de 2 milliards de francs suisses au niveau mondial à ce jour. Le principal inconvénient de l’utilisation du poisson-zèbre est à la complexité du traitement et la préparation des oeufs, qui demandent beaucoup de travail et prennent beaucoup de temps.
La réponse de Bionomous: Un gain de temps considérable pour les laboratoires
La réponse de Bionomous est donc le développement d’un robot portatif capable d’inspecter, de contrôler et de trier des organismes miniatures et plus précisément ces œufs de poissons-zèbres. A la problématique de cette très petite taille, Bionomous comble cette lacune en apportant une solution permettant l’automatisation du tri des oeufs aux laboratoires. La solutions associe un dispositif robotique et des solutions d’IA qui permettent aux chercheurs de compter, identifier, trier et distribuer automatiquement de petites entités biologiques, telles que les oeufs de poisson-zèbre, offrant ainsi aux chercheurs des gains importants en termes de temps, de précision et de normalisation. Venture Kick a bien repéré le coté scalable de son business car Bionomous, prévoit également d’étendre ultérieurement la technologie à d’autres domaines de recherche, tels que les oeufs du Xénopus (espèce de grenouilles africaines) ou les graines de l’Arabidopsis Thaliana (Arabette de Thalius).
Bionomous prépare le lancement de sa production en 2021
La start-up a été fondée par Ana Hernando Ariza (CMO) et le Dr Frank Bonnet (CEO). L’équipe de Bionomous collabore avec plusieurs laboratoires pour tester la version bêta et évaluer le niveau de préparation au marché. La startup cible initialement les clients actifs dans les domaines de la toxicologie, de la génétique et des tests non cliniques, un premier marché estimé à plus de 200 millions de francs suisses.
Bionomous utilisera les fonds de Venture Kick pour financer le dispositif pilote utilisé par les premiers utilisateurs et une campagne de marketing en préparation du lancement commercial en commercial en 2021.
« Venture Kick nous a déjà apporté un grand soutien au cours de cette année pour affiner notre stratégie de mise sur le marché et pour le développement d’extensions de notre produit afin de répondre aux attentes de nos clients. Le réseau de Venture Kick nous a également permis d’entrer en contact avec des entrepreneurs et des investisseurs expérimentés pour construire un dossier commercial plus solide avec des étapes plus réalistes« , a déclaré le Dr Frank Bonnet, PDG de Bionomous.
En 2020, Venture Kick versera 5 millions de francs à des projets de création d’entreprises en phase de démarrage qui permettront à la science suisse d’accéder aux marchés mondiaux. Sa fusion récente avec la Fondation Fédérale pour la promotion de l’économie suisse par la recherche scientifique (« Volkswirtschaftsstiftung ») va lui donner encore plus de possibilités d’accompagnement et de développement.