Chaque année on peut découvrir lorsque l’on arrive sur les bords du lac Léman aux abords de Lausanne, les locaux feutrés de ce Rolex Learning Center à la ligne de fuite ondulante, qui se détachent face aux sommets alpins. Les formes modernes de ce bâtiment donnent une impression de douceur, surtout quand les lumières brillent tard le soir, lorsque les étudiants finalisent leurs dossiers. A cette vague architecturale s’ajoute une vague d’espoir et d’enthousiasme qui est celle de découvrir les nouvelles startups de l’EPFL présentée lors de l’annuelle Seed Night. La version 2019, montre dans la palette des projets proposés une ouverture d’esprit de bon ton. L’ouverture d’esprit s’exprimait par les sujets proposés mais également par le fait que les séances de pitchs ne rassemblaient pas uniquement 22 startups en provenance de l’EPFL. On en découvrait une de l’UNIL, des voisins, dont la partie incubateur est animée par Nadine Reichenthal et d’autres en provenance de l’ETH de Zurich. Entre Ecoles Polytechniques Suisse on est plus désormais dans le monde de la coopétition que de celui de la confrontation, comme l’a montré récemment le master commun sur la cybersécurité.
Cette session révélait dès l’extérieur des nouveautés. On pouvait s’asseoir sur la nouvelle estrade géante installée au coeur de l’EPFL, une sorte de croissant de lune qui permettait une fois sagement assis sur les marches en bois d’admirer une des spécificité helvétique, le travail de la typo avec le nouveau logo de l’EPFL est son effet 3D.
Les discours d’entrée mettaient en valeur les startups ayant levés des fonds et la belle place du Canton de Vaud dans l’écosystème de l’entrepreneuriat. Les questions qui préoccupent beaucoup de pays, du moins en occident, étaient évoquées, comme celle qui concerne la place de la femme dans ce monde tech. Le chiffre montré est en constante progression mais celle-ci reste encore timide malgré tout.
L’expérience utilisateur
Tout le monde la prend en compte cette expérience utilisateur et rien de plus simple que de faire venir des entrepreneurs qui sont passés par le cursus EPFL. Ils en ont été les utilisateurs et ils ont l’expérience. Certains pouvaient être surpris de voir que le premier intervenant de cette catégorie est le créateur d’une entreprise française et une banque de surcroît. Il faut dire que Steve Anavi co-fondateur de Qonto, a un parcours béton dans le monde de la création d’entreprise et que ses diplômes de l’EPFL ne sont qu’une petite partie de son cursus. Avec lui , vous êtes au parfum de tous les processus possibles pour gérer et réussir une création d’entreprise. Il a fait l’Insead et plusieurs années chez Deloitte. Il fut suivi par Madiha Derouazi, fondatrice d’Amal Therapeutics, qui a raconté son expérience avec beaucoup de franchise et montré qu’on peut séduire des VC en présentant son compte bancaire en tant que business plan. Et ce n’est pas la somme qui était dessus qui les a fait plonger. Bel exercice de parité de la part des organisateurs qui ont donc associé une homme et une femme, l’un étant ingénieur, l’autre une scientifique avant tout deux, de prendre la voie difficile de l’entrepreneuriat.
4 startups à suivre, plus une
Quand on assiste à ce genre d’événement, en Suisse notamment, on en ressort toujours plus optimiste concernant notre avenir. La présentation des 22 pitchs comportaient de nombreux sujets qui montraient des idées qui n’allaient pas seulement créer de la data, mais nous aider à croire fortement que l’on va mieux vivre demain grâce à la tech. La fameuse idée de Tech for Good, chère aujourd’hui à Roxane Varza, la patronne de Station F. Il faut dire que certaines industries se sont chargées de nous glisser quelques pesticides dans nos aliments, air ou vêtements et qu’il est nécessaire aujourd’hui de trouver des contre-feux technologiques et inciter à de nouveaux comportements.
Le choix était volontaire de suivre plus particulièrement certaine d’entre elles, la liste globale des startups présentées est disponible ici, car cela permettra de creuser ces sujets plus profondément ultérieurement. Mais cela ne remet pas en cause l’intérêt des autres.
Ainsi je reviendrais prochainement sur les présentations de Hilyte, fondée par Briac qui a l’expérience d’avoir déjà monté une entreprise en Afrique. Il a lancé un produit dont la simplicité marque les esprits. Il s’agit d’une pile qui permet d’apporter de l’énergie dans les territoires oubliés ou enclavés en associant des composants non polluants. Une idée accessible qui évite à de nombreuses populations de devoir acheter du kérozène.
AgroSustain a réfléchit à la préservation des fruits et légumes après leurs cueillettes afin de limiter les pertes lors des phases de stockage et de transport . Cette startup est issue de l’Unil.
Droople travaille dans l’univers des Smartgrid. La jeune entreprise propose des solutions pour contrôler la distribution de l’eau dans les habitations afin de détecter les consommations anormales causées par des fuites ou un réseau en mauvais état. Il peut confronter les données issues des réserves d’eau avec celles des habitations. Le système peut même aller plus loin en terme de granularité. Il peut s’installer au niveau de l’appartement. Ce qui est plaisant à découvrir c’est qu’à cette place ou était Droople ce 11 avril, quelques années auparavant j’avais rencontré les fondateurs d’Esmart, qui travaillent également sur les Smartgrid mais coté électricité. Il en ressort une cible commune, la promotion immobilière. Aujourd’hui ces deux startups se connaissent et travaillent ensemble pour rendre l’habitat moderne intelligent et économe.
La start-up WakeIT est un peu différente, même si elle prend en compte d’améliorer la vie de l’humain en lui proposant un mode de réveil personnalisé et adapté. C’est important de bien se réveiller le matin. Vous avez sans doute déjà fait le constat lorsque vous rencontriez un de vos potes sur le chemin du Lycée ou de l’université, qu’à sa mine renfrognée vous, il n’avait pas besoin de mots pour vous expliquer qu’il avait survécu à un réveil difficile. Et bien les confondateurs d’à peine plus de 25 ans ont déjà plus de 20 ans d’expérience dans ce domaine, comme ils l’ont exprimé avec beaucoup d’humour lors de leur pitch. La start-up va lancer prochainement son app, basé sur un principe de réseau social, ce qui est courageux aujourd’hui. On vous en tiendra au courant sur ce blog.
Enfin j’ai pu croiser lors de cet événement dans le grand hall de l’EPFL, la start-up Foodetective. Ne vous laisser pas surprendre par ce nom, car elle est en pleine réflexion sur son business model. Elle propose aujourd’hui Sherlock, une solution à destination de tous les types de restauration pour profiter d’un système de gestion globalisé afin de gérer avec simplicité et efficacité son commerce sans perdre de temps, ni de données précieuses. La startup de l’EPFL a choisi de faire déjà un saut en France en s’installant à Station F. Les sols ondulent moins dans le 13 ème, mais l’émulation y est toute aussi forte.
Les finalistes et la lauréate
Le vote du public est toujours un moment assez épique sachant que la tech réserve parfois quelques surprises. Le classement s’est finalement dessiné sans accro. Il n’y a pas eu de candidats ex aequo et heureusement pour les organisateurs, car ce n’était pas prévu dans le règlement. Bravo au 4 startups arrivées en shortlist:
La start-up gagnante de cette Seed Night 2019 est Volumina Medical. Elle a pu faire le V de la victoire grâce à ce projet qui permet de lutter contre la perte de tissus mous, issue d’un traumatisme, d’une ablation de tumeur ou simplement d’un processus de vieillissement. Cette perte est souvent permanente et provoque une dépression tissulaire défigurante, qui peut non seulement avoir un impact esthétique, mais aussi fonctionnel. Volumina Medical offre une alternative potentielle aux méthodes de traitement actuelles en développant une approche de médecine régénérative peu invasive avec l’injection de volumes 3D en une seule piqûre. Elle a été la meilleure des nombreuses startups qui cette année présentaient des projets dont l’ambition est d’améliorer la santé ou la vie des humains.