Si on vous dit ATM, allez vous trouver rapidement à quoi correspond cet acronyme ? Il signifie « automated teller machine » ou DAB en France ou Bancomat en Suisse, et cela permet la plupart du temps de retirer de l’argent dans un automate bancaire sans devoir passer à son agence. Ces machines si pratiques se sont invitées lors du Paris Fintech Forum entre Roboadviser, Néobank et spécialistes du Blockchain, lorsque Sonect a présenté sa solution pour uberiser l’ATM. L’idée sur le papier est simple. Il s’agit de convertir un magasin en un ATM virtuel, (il s’agit de la version DAB, pas GAB, plus complet) afin qu’un consommateur puisse retirer de l’argent chez un commerçant grâce à une application mobile.
Une app à télécharger pour créer un ATM virtuel
Si le projet est encore jeune, l’équipe de 7 personnes qui travaille sur ce sujet depuis juste un 1 an, elle, est aguerrie. Sonect comprend plusieurs spécialistes du monde bancaire, qui se qualifient eux-même de vétéran du monde bancaire et emmenée par Sandipan Chakraborty, qui a plus de 10 ans au sein du Crédit Suisse. Elle détient en interne toutes les compétences nécessaires, du développement à la maîtrise du blockchain en passant par l’UX design. Sa connaissance du monde bancaire et des industriels de l’ATM est étendue. Cela lui permet de proposer cette solution innovante qui uberise le monde des automates bancaires .
Malgré l’usage répandu de la carte bancaire, qui intègre dorénavant le paiement sans contact, les espèces restent encore largement utilisées. Comme aujourd’hui on a une très faible propension à se rendre en agence, les distributeurs de billets (et les GAB) sont les points de contact les plus fréquents avec une banque. Lorsque les machines sont en panne, l’impact est plutôt négatif (ok, concernant les banques, ce n’est pas le seul ;). Même dans les pays où le réseau de distributeurs de billet est le plus vaste, le ratio ATM / usagers est de 1: 1000. Si en Europe cela peut sembler normal dans d’autres pays ce ratio augmente vertigineusement et cela entraîne des soucis d’usage pour le consommateur, mais aussi des problèmes de maintenance, de coût et même de récentes tentatives de piratage (cf Les Echos ) pour les banques. Les institutions financières du monde entier évitent donc d’installer de nouveaux distributeurs automatiques en raison de ces difficultés sauf … en France (cf Revue Banque) .
L’dée est d’utiliser une app avec laquelle vous allez pouvoir retirer du cash dans un point de vente. Bien sûr pas question de vider aimablement le tiroir caisse du magasin, les règles imposées par la FINMA indiquent un plafond de 200 CHF par transaction. Le principe consistera à télécharger l’app de Sonect, sur laquelle vous ouvrirez un compte et le relierez à celui de votre banque. Ensuite cette app vous indiquera en géolocalisation ou sont les commerçants les plus proches qui sont impliqués dans cette démarche (un système de notation est prévu dans l’apps). Vous pouvez donc leur demander de retirer 50 CHF, tout en déambulant dans votre quartier. Arrivé dans le point de vente choisi, qui est prévenu, vous lui montrez le gencod qu’il peut scanner. Il vous remet la somme demandée. La sécurité du mobile se gère grâce à un code pin ou à la saisie de votre empreinte digitale. La sécurité de la transaction se fait grâce à la génération du gencod qui identifie la transaction. Ce code entraîne un débit de la somme demandée chez vous et un crédit sur le compte du commerçant. Ce système est possible grâce aux nouvelles technologies telles que le blockchain et l’API bancaire ouverte réglementée par la 2ème directive sur les services de paiement (PSD2).
Chacun peut y trouver son compte
Sonect veut donc apporter un service simple et efficace. Que l’argent soit disponible facilement, quand vous en avez besoin et où vous en avez besoin, indépendamment de l’endroit où vous vivez ou où vous voyagez. Grâce à cette application, la startup de Zurich veut réinventer la manière de retirez de l’argent comptant, entrant ainsi parmi les nouveaux acteurs du monde de la finance.
Ainsi:
- le consommateur récupère de l’argent en même temps qu’il fait son shopping, près de chez lui. Il gagne du temps à s’éviter de déambuler dans les rues à la recherche d’un DAB/GAB, en état de fonctionnement. Il évite également de se voir facturer des frais par sa banque qui lui fait payer horriblement cher le fait de retirer de l’argent dans un dab qui n’appartient pas à la même enseigne.
- le banquier réduit ses coûts de maintenance de son parc machine, ferme des agences sans diminuer son service de distribution d’espèces, ou récupère la place dans ses agences ou il peut créer des espaces conviviaux sans avoir à faire des sas spéciaux à destination des transports de fonds.
- le commerçant rend un service supplémentaire à sa clientèle et gagne de l’argent ( il touche une rémunération lors des transactions). Il peut aussi gagner du temps car c’est un moyen pour lui de vider son tiroir caisse tout en créditant son compte en banque sans avoir à se déplacer.
La cible de Sonect est plutôt dirigée dans un premier temps vers les banques qui n’appartiennent pas à un grand réseau mondial. Elles pourraient ainsi étendre leur réseau sans avoir à investir dans de lourdes installations physiques. Le CEO vise avant tout l’Autriche, l’Italie et l’Allemagne ou globalement 75% des transactions se font encore en espèces.
Sonect est actuellement chez l’Incubateur F10 à Zurich. Si coté finance on n’a rien à apprendre à Sandipan Chakraborty son CEO, j’ajouterais qu’il y a un domaine ou cet homme possède d’énormes qualités, c’est celui du respect humain. Dans le brouhaha d’un salon animé, il a été d’une prévenance et d’une humanité rare, en plus d’avoir la gentillesse de m’accorder de son temps.
L’ATM , ce bon vieux dab que l’on connait, avec sa propension à vous rayer votre carte bancaire, à vous proposer des touches cassées, est en train de voir son environnement un peu bousculé. Sonect veut lui donner un sérieux coup de jeune. D’autres intervenants ont aussi réfléchit à son évolution. Par exemple une banque polonaise a imaginé de le mettre … dans une voiture. Vous pouvez l’appeler avec votre smartphone, comme un VTC. Mais la voiture électrique qui se déplace vers vous n’accepte pour le moment que le cash deposit.