Ce sont les flots légers de la Limmat qui donnaient la tendance en ce 5 mars 2018 à Zurich. Ils s’enchaînaient et rebondissaient par dessus les obstacles pierreux ou sablonneux avec entrain, des reflets bleu métallique et l’énergie d’une jeune tribu. Cette jeune tribu, j’allais en fait la croiser à quelques mètres de là, sur les rives de cette rivière et sous les hautes poutres en acier du Limmat Hall lors de la nouvelle session de l’incubateur F10. La Suisse ou l’innovation est plus abondante et diversifiée que sa production de fromage, présente avec constance sur le podium des pays innovants (voir l’indice GII ) possède à Zurich, F10 FinTech Incubator et Accelerator qui aide les startups à transformer l’idée en succès. Cet incubateur, émanation de plusieurs établissements suisses réputés, lançait en ce début mars sa 3ème session qui mettait sur la scène 15 startups sélectionnées pour suivre les 6 mois intensifs de coaching et mentorat (lot III de son programme P2- Prototype to Product) afin de franchir une nouvelle étape dans la conception de leurs produits.
15 startups à suivre, pour de nouveaux services aux consommateurs
Le Limmat Hall accueillait donc le dernier carré de ces startups qui avaient candidaté à travers l’application online ou en rencontrant des personnes de l’équipe F10, comme LisaS que j’ai eu le plaisir de rencontrer à Paris ou elle présentait les avantages de cet incubateur qui ne prend pas de part d’equity (retrouvez sur cet autre post, les principes de fonctionnement de F10) . Ne croyez pas que lors de ce lancement, on se retrouve entre cousins helvétiques à se raconter de vieilles histoires de banquiers. La famille des entrepreneurs en Fintech et Insurtech (catégorie très largement représentée lors de cette session) est large et internationale. 50 % des startups de cette dernière session viennent d’un pays autre que la Suisse, preuve que ce pays, Zurich et la bonne réputation de F10 forment un cocktail performant.
- Anansi, Insurtech, Switzerland
- Basis ID, KYC, Fintech, Estonie
- BDEO, videoperitation, Insurtech, Espagne
- Borderless, payment, Fintech, USA
- C2SEC, Insurtech, USA
- Dynametrics, Fintech, Switzerland
- eHyve, Fintech, Switzerland
- Qard, Fintech, ecommerce, France
- Luminant, Insurtech, Switzerland
- Monday, Insurtech, Switzerland
- Safeside, Insurtech, Switzerland
- SIX IoT, ecommerce, payment, Fintech
- Susfinteq, Fintech , China
- Target Inside, Fintech, Switzerland
- Vestberry, Fintech, Slovaquia
Retrouvez la description des startups sur le site F10.
Ces 15 start-up sélectionnées proviennent de sept pays dont 2 des États-Unis et plusieurs pays d’Europe de l’Ouest et de l’Est. De plus, plusieurs projets suisses ont leurs racines ailleurs. Par exemple, Susfinteq, une start-up spécialisée dans le marché de la finance verte, a des liens étroits avec la Chine. «Nous avons reçu beaucoup de candidatures du monde entier parce qu’elles considèrent la Suisse comme le Launchpad parfait pour leurs activités», explique Andreas Iten, Head Corporate Ventures SIX et co-fondateur et membre du conseil d’administration F10.
Travail, voyage et convivialité au programme
En tant que participants à ce programme P2 « Prototype to Product », chaque start-up bénéficiera de ses propres bureaux dans le bureau de F10 à Zurich, tout en collaborant étroitement avec certaines des plus grandes marques financières suisses: SIX, ERI Bancaire, Julius Bär, PwC, Baloise Group , eny Finance, Generali, ZKB et Raiffeisen, qui sont les corporates à l’origine de F10.
Ne vous fiez pas au bâtiment carré et à l’architecture verre et métal des années 70. Au second étage, vous trouverez un plateau adapté aux startups, ou les espaces communicants permettent de travailler à plusieurs autour d’une table, faire des présentations et trouver de quoi se détendre grâce à un coin cuisine et à un traditionnel baby-foot, quoique celui là est logotypé Crédit Suisse, ce qui est bien moins traditionnel. Autre mobilier qu’on ne trouve pas partout, la Pitch Box, qui permet de roder son discours en toute discrétion.
Au cours des 6 prochains mois, ces startups sélectionnées qui en sont à la première étape de leurs développements travailleront en étroite collaboration avec les coachs et mentors ainsi que des membres du conseil d’administration des corporates sponsors de F10. Un exercice parfaitement décris par le CEO de Vestr, qui invité pour lancer cette nouvelle session a montré, en tant qu’ancien membre de la session précédente, comment il avait pu évoluer grâce aux conseils avisés de ces mentors (et notamment PWC) et démontré avec une pointe d’humour que pour lever des fonds, le lean management n’est pas forcément suffisant et qu’il faut se résoudre à recourir aussi aux vieilles méthodes, comme un dossier de présentation de 42 pages comprenant texte, photo et bio.
Le lancement de ce Lot 3 n’était pas qu’une présentation des startups, ce qui en dehors de l’originalité de chacune d’entre elles, aurait pu être fastidieux. Il y avaient en vedette américaine, mais bien Suisse, Vestr, on vient de le voir, mais également Republik, ce nouveau média issu en grande partie du crowdfunding, et pour lequel j’avais déjà fait un papier dans ce blog. Idéal pour montrer que dans ce coin de la Suisse alémanique, on sait associer idée et financement audacieux.
Les 15 startups ont présenté leurs projets, avec plus ou moins de scénographie, mais une énergie commune à vouloir démontrer la pertinence de leur projet. Pour arriver à ce stade, elles sont passées par un processus de sélection exigeant, sélectionnées lors d’un dernier round faisant intervenir plus de 60 candidats. Comme je l’ai cité au début de cet article, de nombreux projets concernaient le monde de l’assurance (Insurtech) et on découvrait des projets assez pointus qui veulent exploiter au mieux les possibilités de la tech, tant pour les banques ou compagnies d’assurance (B2B) que pour l’utilisateur final. Une partie d’entre eux s’appuie sur la technologie Blockchain, sous-jacente à l’exécution de ces nouveaux services destinés à des marchés très ciblés (monde étudiant, PME, ecommerce…), B2B ou B2C. Certains projets présentaient un coté audacieux, comme Border Less qui viendra régulièrement de New York pour suivre les exercices imposés par les mentors (il est vrai qu’à New-York ils n’ont pas @Superdave ;), ou Susfinteq, une start-up spécialisée dans le marché de la finance verte, qui a des liens étroits avec la Chine. Green et Chine, sont 2 termes qu’on a pas trop l’habitude d’associer. Enfin Six IoT, et Qard associent étroitement Fintech et ecommerce. Dynametrics, issue des bords du lac Léman, s’éloignait volontairement de Genève d’ou elle est originaire, car l’écosystème de cette ville protestante est plus orienté vers le Private Banking. Sa fondatrice a pu d’ailleurs lancer sa première séance de travail devant cette vaste audience en faisant voter la salle sur le choix de son logo.
L’équipe F10 évolue et continue de grandir. Comptant 8 personnes actuellement, elle sera renforcée par LisaS, qui la rejoindra définitivement en mai dès la fin de son master. L’incubateur est devenu le seul membre suisse du Global Accelerator Network (GAN), une communauté d’accélérateurs indépendants dans le monde entier. Partager des expériences en provenance de différents continents permettra d’élaborer des possibilités de coopérer avec d’autres accélérateurs.
Zurich ville créative !
Il n’y a pas que cette vivante présentation de startups du Limmat Hall qui donne une idée de la créativité de cette ville. Si les quais de la vieille ville délivrent une atmosphère assez calme et tranquille, cela ne limite en rien l’énergie créative qui surgit des anciennes friches industrielles réhabilitées.
Google a installé dans cette ville, le premier lab en dehors de la Californie. Si demain l’IA nous rends un peu gaga, cela prendra la suite du mouvement culturel dada, parti de cette ville au siècle dernier, grâce à Tristan Tzara qui a su si bien inspirer les surréalistes André Breton et Louis Aragon, entre autres. De nos jours la créativité s’exprime également grâce à la mode. Un rapide coup d’oeil sur mon autre blog La promessedunstyle, le montre et dans le prolongement de cette idée, un des designers actuellement le plus coté sur la planète fashion, le géorgien Demna Gvasalia a installé l’atelier de son label créatif Vetement, dans le quartier Binz, qui veut favoriser l’économie créative. Ce designer est devenu également celui de Balenciaga, ce qui n’est pas accessoire (de mode;). Alors Zurich ville créative, certainement. Cette énergie profitera aux différentes startups de F10, au delà des conseils avisés des coachs et mentors.