Bien sûr, l’actualité était à son paroxysme à la Porte de Versailles pour ce VivaTech cru 2018 qui a atteint le pic des 100 000 visiteurs sur 3 jours. Mais on notait une rencontre au sommet dans le quartier feutré du 7 ème arrondissement qui a permis de mettre sous un lustre brillant de toutes ses facettes diplomatiques, un ambassadeur, plusieurs même, un drone et Nana, une chienne Saint Bernard à l’esprit placide qui aurait négocié des heures sans problème avec Metternich ou Talleyrand. Quel était le point commun qui rassemblait ces acteurs venant d’univers si différents ? La promotion de l’excellence dans le domaine de l’éducation et de la technologie suisse.
La Suisse a décidé d’être présente à VivaTech en bâtissant une volière, espace destiné à montrer son expertise dans le domaine des drones. La Suisse est venue montrer comment un pays qui a placé ses terres en mode vertical plutôt qu’à l’horizontal, ce qui ne lui laisse qu’un petit territoire, pouvait prendre place au concert des grandes nations lorsqu’il s’agit de parler d’innovation et de technologie. 2 raisons à cela. La qualité de son système éducatif et une volonté politique. En 2018, la présence de la Suisse à VivaTech est le résultat d’une volonté portée par Présence Suisse et son représentant l’Ambassadeur Nicolas Bideau, qui ont mis sur pied un programme qui a montré la technologie de nos cantons à la Porte de Versailles en ce mois de mai 2018, puis au CES de Las Végas en janvier 2019, ainsi qu’au Japon et à Dubaï dès 2020. Il était important d’être présent dans ce salon qui a actuellement une place très importante au sein de l’écosystème en Europe. Il y a eu la visite du président Emmanuel Macron, de Satya Nadella et de Mark Zuckeberg même si le passage de ce dernier ne laissera pas un souvenir impérissable. La seconde raison est la qualité voire l’excellence des universités suisses. Pour bien le démontrer, c’est Patrick Aebischer emblématique président de l’EPFL qui était l’invité phare de la soirée donnée aux acteurs économiques et à la presse qui allait expliquer quelques raisons de son succès et des très beaux résultats que l’Ecole Polytechnique enregistre, notamment dans le domaine des drones professionnels. Le tout accompagné d’un compagnon à quatre pattes au délicat patronyme de Nana et d’un drone virevoltant entre dorure et cristal.
Prendre de la hauteur, les drones suisses savent le faire
L’axe choisi pour mettre en avant la technologie helvétique est donc celui des drones professionnels. Ce domaine couvre des activités tant hardware que software qui sont développées majoritairement entre Lausanne et Zurich. La cartographie des métiers recouverts, présente dans cet autre article, en est une preuve. Cela s’est concrétisé lors du salon VivaTech par une #HomeofDrones, véritable volière ou de nombreux volatiles électroniques étaient mis en cage, accompagnés par une étonnante soufflerie, et devenaient les acteurs de nombreuses démonstrations. L’Agéfi consacre un N° spécial à cette technologie. FabriceD de Bilan a expliqué la démarche dans son article et comme il est toujours mieux de montrer qu’on est bon en reprenant les jugements des autres, on vous laisse découvrir le N° 22 de We Demain, actuellement en kiosque, journal du temps long, créé par les frères Siegel (ceux qui ont fait VSD dans le passé) qui explique le succès suisse dans ce domaine par cette excellence éducative.
EPFL : Il faut travailler sur terre avant de s’envoler dans les airs
Tout ne s’est pas fait en un jour. Patrick Aebischer présent à L’Ambassade a été président opérationnel de l’EPFL de 2000 à 2016. Il est depuis Président émérite, siège au conseil d’administration de Logitech et Nestlé et a mis sur pied des fonds d’investissements présents au financement de plusieurs startups (H55 par exemple). Ce professeur de biologie avait compris en son temps qu’il fallait renforcer les interactions entre la recherche fondamentale et la création d’entreprise. Les métriques à suivre sont les fonds à investir dans la recherche. Sous sa présidence ils sont passés de 2 à 3 millions au début des années 2000 à 400 millions de CHF en 2016. L’EPFL a 50 ans, ce qui est encore jeune pour une université, mais elle possède un Innovation Park de 55000 m2 qui abrite les laboratoires de recherche et 120 startups. Nestlé dont le centre d’innovation est à peine 5 km de l’université est venu en ouvrir un autre au coeur de l’EPFL pour jouer à fond la carte de la proximité entre chercheurs et entrepreneurs.
Avoir les pieds sur terre n’empêche pas de travailler à la recherche d’innovations disruptives qui peuvent prendre un petit plus de temps avant d’aboutir. Cela nécessite de mettre en place un système qui comme le terreau devient plus fertile chaque année. Faire venir des fonds pour la recherche, travailler avec les grands groupes, attirer les talents de tous les coins du monde, ( 25% des étudiants sont français et l’université est composée de plus de 120 nationalités), être multiculturelle et innovante, conserver des liens forts avec les Alumnis. Son bon classement dans le peloton de tête des universités européennes montre que la démarche est couronnée de succès, notamment dans sa capacité à passer de la R&D à des solutions commercialisées. Cette capacité d’innovation et d’intégration à notamment séduit Google qui a mis le seul lab qu’il possède en dehors des Etats Unis à Zurich. La Suisse a aujourd’hui 5 universités dans le top 100 mondial. Cela aide à conserver cette position de leader en innovation.
Il reste des points d’améliorations qui empêchent de s’endormir sur ses lauriers. Le problème du financement en est un, commun à toute l’Europe. Quand la Suisse approche le milliard d’investissement en fonds Venture, Israël en met 5 milliards à la disposition de ses startups. La Chine et les USA sont sur une atre planète. L’unité de temps et d’action est importante. Il faut continuer à travailler pour mettre tout le monde sous un même toit, chercher à investir sur les derniers rounds car si lever moins de 20 millions reste possible en Europe, atteindre les 100 millions comme aux USA ou en Chine est une barre beaucoup plus difficile à atteindre.
On remarquera que Patrick Aebischer, tout Président émérite qu’il soit, a attendu comme un simple quidam, dans la rue, sous un chaud soleil, que l’Ambassade veuille bien ouvrir.
Flyability, le drone professionnel en démo in et out
La thématique drone permet de mettre en lumière une des forces de la Suisse, qui est la qualité de ses universités et les interactions possibles avec le monde du business. Flyability en est un bon exemple car la startup suisse issue de l’EPFL (et présente dans ce blog) s’est lancée sur ce projet en voulant trouver une solution d’inspection des installations nucléaires après la catastrophe de Fukushima. Elle a développé une technologie qui prend pour exemple l’étonnante capacité de la mouche à retrouver son équilibre après avoir heurté un obstacle. Le drone Elios de Flyability en fait de même. Et dieu merci cette capacité n’a pas été testée lors du vol indoor autour du lustre illuminant le salon de l’ambassade (cf video). La startup suisse qui avait recruté 60 personnes au premier semestre 2017 a déjà vendu plus de 350 de ses appareils et travaille en France avec la RATP.
Cette start-up et les autres présentent sur ces marché profitent du mouvement lancé par Bertrand Piccard et son projet Solar Impulse. Toute une filière industrielle s’est créée autour des objets volants, des softwares et des matériaux composites. Ces derniers ont permis aussi de concrétiser l’aventure de SeaBubbles qui continuent leurs tests sur le lac de Genève et sur la Seine à Paris.
‼J-1 pour la Suisse et sa volière de drones à @VivaTech ‼#HomeofDrones, #Swiss4Tech pic.twitter.com/HmRHFNSqi6
— Ambassade de Suisse en France (@AmbSuisseParis) May 23, 2018
Et Nana a pris soin de tout le monde
La jeune chienne s’est avérée très humaine et très à l’aise, elle aussi, que cela soit en in ou en out. Des jardins de l’Ambassade ou elle a effectué ses roulades sous les objectifs, aux allées de VivaTech ou de nombreux geeks ont montré plus d’affection (ce qui est plutôt rassurant) envers ce chien historique qu’à la colonie de Peppers qui piaillait dans les allées. On aurait voulu qu’elle nous raconte son histoire, (parfait storytelling de l’ambassadeur Nicolas Bideau) elle, vétérante de cette tradition humanitaire, qui portait secours et son bidon aux personnes en difficulté, mission prise en charge dorénavant par tous ces objets volants aux pâles tournoyantes, mais son planning était booké.