La Tech for Good…. une expression très généraliste qui comme toutes les grandes idées a besoin d’exemples concrets pour s’incarner. Twiice fait partie de ces exemples.
Issue de l’EPFL, Twiice était à Paris lors du dernier VivaTech, pour montrer comment avec son projet d’exosquelette, technologie et humanité peuvent avancer de pair.
Utiliser la technologie pour proposer des solutions de mobilité accessibles à tous
Twiice a eut une idée concernant la mobilité des personnes, l’a conceptualisée, puis a travaillé sur sa réalisation. C’est cette réalisation qui a été présentée à Paris dans le cadre de VivaTech ainsi que sous les lambris dorés des salons de l’Ambassade de Suisse. Twiice a imaginé un exosquelette qui puisse permettre aux personnes paraplégiques de pouvoir retrouver la possibilité de marcher. Cet exosquelette qui pèse 16 kg et possède 3 h d’autonomie permet à une personne paralysée des membres inférieurs de pouvoir quitter son fauteuil, se lever, puis marcher. En dehors de la mobilité, il y a de nombreuses raisons médicales qui font que retrouver une possibilité de se déplacer est important, voire vital. Le bon fonctionnement de l’estomac en est une, parmi bien d’autres.
L’équipement est composé d’un exosquelette et 2 béquilles dont une lui est reliée par câble. Celle qui est reliée comporte des boutons qui permettent de changer de mode. L’utilisateur peut ainsi modifier la vitesse, adopter le mode escalier, s’asseoir ou se lever. Une montre connectée fait également partie du dispositif.
Mais ce qu’il faut comprendre à travers ce modèle actuel, aujourd’hui prototype fonctionnel, c’est que Twiice n’est pas programmé pour produire des exosquelettes à la chaine, mais de montrer que la mécatronique, la motorisation miniature, le travail des batteries, le software, sont associés pour permettre de concevoir des machines légères, efficaces, adaptées à tous, sur mesure en quelque sorte et pour différents handicaps. L’objectif est de produire ces exosquelettes dans un délai court, en quelques semaines et à des prix plus accessibles que ce qui se fait actuellement. L’équipe de cette jeune pousse de l’EPFL est composée de plusieurs spécialistes des différents métiers rassemblés autour de ce projet. On y trouve des ingénieurs en robotique, en électronique, en mécatronique et même une ingénieure en bio-ingénierie. Au total 4 étudiants, accompagnés par 2 professeurs de l’EPFL développent cet exosquelette. Ce sujet est le support de la thèse de Tristan Vouga l’initiateur de Twiice, étudiant au LSRO, le Laboratoire de systèmes robotiques de l’Ecole polytechnique de Lausanne
La démonstration par l’exemple
Il faudrait parler de démonstration au pluriel. Car au delà de la prouesse technologique qui permet de faire marcher une personne qui a perdu l’usage de ses jambes, on peut souligner également le courage et la persévérance de la sportive impressionnante qu’est Silke Pan. Elle fait partie intégrante du projet Twiice. Elle accompagne l’équipe pour tester l’exosquelette et faire part de ses remarques afin de le faire évoluer. Elle a démontré à plusieurs reprises, sur les scènes de Vivatech et dans les salons de l’Ambassade avec toujours une volonté de fer et un sourire désarmant prenant la parole et expliquant avec beaucoup de clairvoyance et de sincérité, sans pathos déplacé, l’intérêt d’un tel projet.
L’Histoire de Silke Pan révèle les épreuves que l’on peut rencontrer dans la vie. Trapéziste de métier, une chute a entraîné la perte de l’usage de ses membres inférieurs. Elle a changé de vie et avec courage et volonté est devenue championne Suisse aux jeux Paralympiques. Il faut dire que cette femme sait se lancer des défis (voir plus bas) et que démontrer par l’exemple devant des audiences nombreuses et variées sa vie aujourd’hui et pourquoi elle accompagne Twiice n’est pas le genre d’épreuves qui peut lui faire peur. Mais quand on est valide, la voir faire cela tous les jours et même plusieurs fois par jour, inspire un profond respect.
Des détails qui ne trompent pas
Un certain nombre de choses sont bien étudiées dans ce projet. Je ne reviens pas sur tous ce qui touche l’aspect fonctionnel de ce prototype. Mais plusieurs détails prouvent que l’idée mère de prendre en compte l’aspect humain dans cette aventure prédomine. Le nom lui même de Twiice qui avec sa sonorité exprime cette dualité entre mobilité et dualité. Le fait que tous les spectateurs ont pu remarquer que les membres de Twiice sont tous habillés de manière identique sans signe distinctif de hiérarchie (et pourtant les personnes avec qui j’ai discuté ne cherchent pas à empiéter sur le rôle des autres acteurs) et jusqu’au design de la carte de visite, ou l’équilibre entre les membres de cette équipe est respecté. On est ravi qu’une telle idée trouve sa place dans le journal Les Echos, pour incarner la santé de demain. D’un autre coté, le journal n’aurait pas été très doué s’il avait raté ce sujet. Comme on le voit sur les photos, leur stand était juste à coté de la scène de démo ou passait Twiice 😉
Silke Pan parathlète de haut niveau
Affronter quelques scènes et audience fusse à VivaTech, un salon qui a reçut plus de 100 000 personnes ne peut être une épreuve difficile pour une parathlète comme Silke Pan, qui se prépare à faire un tour de Suisse en reliant 26 lacs (un nombre qui correspond au nombre de Cantons de la Confédération). Il y aura donc 26 lacs suisses traversés à la force des bras
et reliés en handbike et fauteuil de course. Cela représente 75 kilomètres parcouru sur l’eau et 980 sur terre.
Vous pouvez suivre et encourager cette personnalité lors de ce tout prochain défi. Vous pouvez également faire un don, par l’intermédiaire de Paypal. Les bénéfices seront intégralement versés en soutien de l’association Handi-Capable
Remettre l’humain sur pied, une spécialité Suisse ?
On ne peut voir et admirer l’idée de Twiice sans pouvoir s’empêcher de penser à une autre démarche, logée aussi dans les labos de l’EPFL, qui avec une approche scientifique totalement différente et sans aucun esprit de comparaison veut également redonner la possibilité de marcher à des personnes qui ne le peuvent plus.
Il s’agit de celle du professeur Courtine. Rencontré à l’Ambassade de Suisse en 2013, ce français qui fut débauché par l’EPFL à un laboratoire de Los Angeles est venu en Suisse travailler sur cette idée de connecteur au sein du corps humain. L’idée est de concevoir un « pont » électronique pour contourner la zone lésée de la moelle épinière, ce qui permettrait au cerveau des patients de reprendre le contrôle de leurs jambes… et de marcher à nouveau. Le professeur Courtine fait partie des finalistes Rolex 2019. Depuis plus de 40 ans, les Prix Rolex à l’esprit d’entreprise soutiennent des projets qui repoussent les frontières du savoir, protègent l’héritage culturel ou aident à préserver les habitats naturels et les espèces menacées. Vous pouvez voter pour lui.