« Balayer devant sa porte », voila une expression bien connue pour indiquer qu’il faut s’occuper de ses affaires avant de vouloir juger celles de son voisin. Oui, mais voila, quand balayer devant sa porte concerne la planète, quand la surface à nettoyer est en fait l’espace, à plus de 500 km, cela nécessite un long manche à balai, pas très pratique à manipuler ou un satellite particulier. On voit bien que l’époque est particulière. Il faut faire avec un virus qui se faufile partout, se soucier de protéger nos ressources terrestres et en même temps, on prend conscience qu’en plus des terres et des mers, il faut également nettoyer l’espace.
L’ESA estime que plus de 900 000 débris de plus de 1 cm sont actuellement en orbite ; tout impact avec un satellite en état de marche peut occasionner des dommages et potentiellement mettre fin à sa mission. Quelque 5 000 satellites sont toujours en orbite autour de notre planète. Seuls environ 1 950 d’entre eux sont en service.
Du coup, l’ESA qui a le bras long, a décidé de donner un coup de balai dans l’espace. L’ Agence Européenne qui a lancé un appel d’offre pour cette mission de nettoyage a octroyé cette mission à une start-up suisse issue de l’EPFL. ClearSpace c’est le nom de la start-up suisse, va lancer sa première mission en 2025, pour aller chercher un débris bien particulier; un bout de fusée. C’est une sorte de POC en apesanteur. ClearSpace est déjà présente sur ce blog. Je l’avais présentée déjà il y a quelques mois lorsque ce projet avait quitté le launch pad. Mais comme nous l’indique le site Numérama, le contrat vient d’être officiellement signé.
« C’était il y a un an. L’Agence spatiale européenne présentait la mission ClearSpace-1, qui consiste à réussir à retirer un débris en orbite autour de la Terre. Pour cela, elle s’associait avec la startup suisse ClearSpace. Un an plus tard, le partenariat entre l’ESA et ClearSpace s’est affermi avec l’annonce de la signature, le 26 novembre, d’un contrat de 86 millions d’euros pour concevoir ce service d’un nouveau genre. ClearSpace a été fondée par des membres de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). Elle a été retenue à l’issue d’un appel d’offres. ClearSpace ne travaillera pas seule : elle sera à la tête d’une équipe industrielle avec des contributions venant d’autres États européens. Outre la Suisse, sont cités l’Allemagne, la Pologne, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni et la Suède.[source Numerama] »
L’ aventure intéresse du monde, hors de Suisse. Le Figaro y a été de son article et même les américains avec un papier sur le média CNET évoque cette avancée technologique et écologique.
Les satellites en perdition représentent une forte colonie
Avec près de 2’000 satellites opérationnels et plus de 3’000 hors d’usage actuellement dans l’espace, la question des débris spatiaux se fait plus pressante que jamais. Avec l’usure, à l’occasion de collisions ou lors d’explosions, ces objets se désagrègent en morceaux de différentes tailles. L’ESA estime qu’il y en a actuellement plus de 34’000 mesurant plus de 10cm, et un nombre très important de pièces plus petites encore et impossibles à observer depuis le sol.
Or, circulant autour de la Terre à une vitesse de 28’000 km/h, tous ces objets se transforment en de dangereux projectiles représentant une vraie menace pour les activités spatiales et les astronautes. Suivant leur orbite et leur éloignement, ces débris peuvent mettre des centaines d’années à se désorbiter de manière naturelle, voire rester dans l’espace indéfiniment. Des solutions pour retirer ceux arrivant au terme de leur mission ou s’avérant défectueux sont donc nécessaires.
Les nouvelles constellation de satellites arrivent
Le lancement de milliers de nouveaux satellites est prévu dans les cinq ans à venir, la plupart dans le cadre de la formation de « constellations », c’est-à-dire conçus pour être connectés les uns aux autres et travailler en réseau. Aujourd’hui, 40% des applications que nous utilisons sur nos mobiles dépendent de satellites. Les infrastructures spatiales sont aussi devenues indispensables pour des industries telles que les chaînes d’approvisionnement, la télévision, l’observation de la Terre ou les télécommunications. C’est donc le bon moment d’agir.
A la recherche d’une vespa
L’ESA est la première, dans le monde du spatial, à mettre en place une mission de désorbitation d’un de ses propres objets devenus obsolètes. Elle franchit ainsi un pas historique en créant un précédent dans le secteur spatial qui pose les bases d’un modèle opérationnel et commercial visant à assurer le retrait d’un grand nombre d’autres débris à l’avenir.
Le projet de ClearSpace ressemble à un gros calin de l’espace. Le premier satellite de ClearSpace sera adapté à une nouvelle cible: le Vespa Upper part. Cet objet n’est pas un 2 roues mal garé sur la ligne orbitale, mais un débris de forme conique, mesurant 1,8 sur 2m et pesant 120 kilos, faisait partie d’une fusée VEGA lancée par l’ESA en 2013 et destinée à placer plusieurs satellites en orbite. Il évolue actuellement à environ 700 km de la surface terrestre. L’objectif est de le sortir de sa trajectoire orbitale qui le fait tourner en rond en un mouvement perpétuel.
Le programme ADRIOS qui est le nom de ce projet, est soutenu par huit pays membres de l’ESA, dont la Suisse, pour un montant de 86 millions d’euros. Le budget total de la mission étant de plus de 100 millions d’euros, le consortium assurera le reste grâce au soutien de sponsors et d’investisseurs privés.