« J’ai 8 secondes pour vous dire que la Suisse c’est de l’innovation technologique ». Ce claim cela ne vous rappelle rien ? Il est inspiré de celui entendu dans une célèbre publicité pour la barre Ovomaltine avec un P***** d’accent Suisse, à découvrir en bas de cet article.
Car en ce mercredi 12 mai, année 2 de la pandémie mondiale de la Covid 19, François Sorel recevait un digne représentant de la Suisse Romande, Thomas Bohn, directeur général du Greater Geneva Bern Area pour parler d’innovation en Suisse dans Tech&Co.
Il n’y a pas une chose qui vous surprend dans l’image et le titre de cette intervention télévisée.
Oh ! ce n’est qu’un détail, mais il a son importance. Un point « ? », allons donc, c’est le point d’exclamation qui méritait de passer à la TV française.
Derrière ces quatre lettres, GGBA, qui recèlent une petite difficulté de prononciation, n’est ce pas François, se cache un organisme de promotion de la Suisse occidentale qui chapeaute 6 cantons. L’émission Tech de BFM Business découvrait que cette région nichée aux pieds de chaines montagneuses avait une forte appétence pour l’innovation et la tech. Derrière l’image empreinte de calme du Lac Léman, se profile en effet un datalake agité des nombreux courants de l’innovation.
Certes dans la bataille des licornes la Suisse n’est pas la première, mais ce classement inspiré du monde d’avant n’est pas forcément le critère le plus adapté à une époque ou il faut être plus prompt à réfléchir qu’à grossir.
La Suisse ne manque pas d’atouts pour faire émerger des innovations importantes et d’ailleurs Tech&Co s’en ait déjà fait l’écho en recevant des startups suisses, comme notamment celles indiquées ci-dessous. Elles ont toute légitimité à y être plus souvent :
- On peut citer Bestmile, l’une des solutions software de la mobilisation du futur, qui avait eu et les honneurs du plateau de Tech&co, c’était alors Sébastien Couesnon qui officiait, ainsi que ceux de François Hollande en visite à Lausanne. Je ne sais pas lesquels en laissent le plus de souvenir au fondateur Raphael Gindrat.
- Nexthink, fait partie des entreprises suisses reçue par François Sorel sur le plateau de Tech&Co, avec aussi à la clé un petit lapsus de langage dans le nom de l’entreprise. L’entreprise Suisse implantée à Paris prenait le chemin de l’émission Tech&Co à la suite de sa levée de fonds de 180 millions en Série D de février 2021, faisant de cette start-up la seconde licorne de l’EPFL après Mindmaze.
- Enfin Technis dont les tapis connectés, rencontrent un grand succès en ces périodes de jauge, était venue démontrer comment tech et data se conjuguent pour aider à respecter de manière intelligente les règles de distanciations dans les lieux qui accueillent du public. La star-up suisse avait d’ailleurs été qualifiée par le journaliste de société franco-suisse. Elle a en effet des bureaux à Paris, mais a son siège à Lausanne.
Dans l’imaginaire français, on a encore l’impression que de nos jours, seules les banques ou le chocolat sont légitimes comme produits suisses. Pourtant un certain nombre d’indices montrent qu’il n’en est rien.
- Le Canton de Vaud, qui fait partie du GGBA, a sorti récemment son rapport qui montre que s’il était un pays, il serait au 7 ème rang dans le classement mondial des meilleurs acteurs dans les domaines de la recherche. Cet excellent résultat peut être déduit d’une nouvelle approche du classement des scientifiques, établie par l’Université de Stanford en Californie.
- Le monde des fintech est particulièrement riche en Suisse. Plus de 300 d’entres elles sont présentées dans l’ouvrage qui vient d’être publié par les éditions Schulthess. Un site internet permet de les découvrir par catégorie. Un des auteurs est Vincent Pignon, co-fondateur de WeCan Group qui accompagne Facebook dans l’élaboration de sa monnaie numérique ( Libra/Diem).
- Venture Kick qui n’est qu’une des multiples structures qui oeuvrent à faire émerger les idées suisses innovantes a permis de lancer plus de 750 projets depuis sa création il y a 14 ans.
- Même la FrenchTech cherche à infiltrer ce monde mystérieux de l’innovation Suisse, en utilisant la langue française, mais sans l’accent Suisse et c’est à cela que l’on reconnait ces sympathiques intrus.
- Le Swissnex a depuis des lustres des bureaux tout autour du monde et notamment les plus cool, sur le Pier 7 à San Francisco ou encore à Shanghai.
- La Suisse a été une des premières à structurer sa démarche sur le sujet sensible de la confiance numérique en créant le cluster de la Trust-Valley, qui n’hésite pas à se confronter avec des acteurs implantés dans la Silicon-Valley.
- F10 célèbre incubateur Fintech de Zürich est implanté à Singapour depuis plusieurs années.
- L’espace lui aussi et cela ne surprendra personne, sera plus propre et en ordre demain grâce à la technologie Suisse. ClearSpace est une start-up suisse, leader du projet piloté par la communauté européenne qui consiste à nettoyer l’espace des satellites en perdition.
- Vivatech qui est le plus grand évènement tech en Europe accueille la maison SwissTech depuis maintenant 3 années.
- Nombre d’entre vous, utilisent ou ont reçu un mail géré par Protonmail, la solution d’emails sécurisés (qui a été interdite en Russie pour cette raison).
Quand Google ouvre un labo dédié à l’IA à Paris en 2018, inauguré à l’époque par l’homme à l’araignée, Cédric Villani, le même labo à Zürich compte déjà 2500 Zoogler (contraction de Google et Zürich qualifiant les salariés travaillant chez ce GAFA dans la ville Suisse).
N’oublions pas de parler des innovations séduisantes et utiles comme celle d’Hilyte par exemple ou encore celles imaginées au cours des hackathons proposées par Open Geneva qui fait partie des territoires du GGBA.
Enfin Le tableau de bord européen de l’innovation (TBEI) place la Suisse en tête des pays les plus innovants en 2020 en….. Europe, tout comme d’ailleurs le WIPO dans son rapport 2020 sur le Global Innovation Index .
Et on ne peut occulter le plus célèbre d’entre nous, notre « savanturier », Bertrand Piccard qui a fait le tour du monde en tutoyant le soleil, qui était intervenu lors du récent G7 pour expliquer pourquoi il fallait se pencher sur l’avenir de notre planète sans se mettre la tête dans le sable comme l’autruche et a déjà labellisé avec sa fondation plus de 1000 projets éco-responsables pour montrer que cette démarche peut être la bonne amie de l’économie.
Le GGBA accueille les entreprises sur le territoire de Suisse occidentale
L’initiative de recevoir le Greater Geneva Bern Area, est la bienvenue pour montrer les différentes facettes de l’innovation en Suisse. Cela donne un angle un peu particulier à cette vision de l’innovation, car c’est plutôt un organisme de type réceptif dont le rôle est d’aider les entrepreneurs à s’implanter en Suisse. Ce n’est pas un incubateur ou un accélérateur comme on a l’habitude d’en rencontrer lorsque l’on parle de start-up et d’innovation. Mais cet organisme fait partie du dispositif Helvétique qui fait de la confédération la deep tech nation de l’Europe.
L’accueil est une notion importante quand on sait par exemple qu’à l’EPFL on dénombre plus de 124 nationalités différentes.
Parmi les exemples cités lors de cette émission de Tech&Co, s’ils étaient emblématiques d’un monde moderne, avec la souris de Logitech, la célèbre découverte dans les locaux du CERN de Tim Berners-Lee, voire la montre Swatch, à l’heure de l’IA et de la cybersécurité, ils présentaient un petit coté nostalgique.
Il ne faut pas oublier que, et peu importe le canton, du coté de Züg il y a une Crypto Valley, que la Suisse à inventé le gel hydro-alcoolique, qu’elle propose des tissus innovants anti-bactériens par HeiQ et que c’est dans le Valais (ou se trouve notamment The Ark) que l’on produit le principe actif de Moderna.
Cette apparition du GGBA faisait un peu placement produit sur le plateau de Tech&Co (qui est à voir ou écouter du lundi au jeudi sur BFM Business) mais on espère quelle aura donné envie d’en savoir plus sur ce qui se passe autour du lac Léman et au coeur des différents cantons helvètes.