Le prix De Vigier, la plus ancienne distinction destinée à de jeunes entrepreneurs et entrepreneuses de Suisse accordant CHF 500 000.– de dotation distribués chaque année (5 fois CHF 100 000.–) a récompensé en juin 2023 ses cinq lauréats, qui ont recut chacun cette bourse dotée de CHF100 000. Les projets récompensés vont des harnais basés sur l’IA destinés aux personnes malvoyantes aux dispositifs de fabrication de médicaments personnalisés, en passant par des dalles de sol, durables.
C’est en février, que la procédure à démarré avec une sélection de 15 startups choisies parmi un nombre record de plus de 300 projets soumis. Les 15 CEO ont ensuite passé un entretien au cours duquel ils ont pu présenter leurs idées au Conseil d’administration de la Fondation, qui a choisi les dix candidats finalistes.
Pour Carmen Lamparter, COO de la Fondation W.A. De Vigier, les cinq lauréats ont un point commun: «Ils veulent tous contribuer à un monde meilleur et plus durable, en apportant des solutions innovantes pour le plus grand bien de notre société». En effet on peut constater que ces innovations prennent soin de l’humain et de la planète dans des domaines très différents, mais qui rejoignent toutes ce besoin que l’on a de modifier notre mode de vie .
Les cinq lauréats issus de cette sélection sont : (par ordre alphabétique):
- biped AG d’Épalinges (VD) Indépendance pour les personnes atteintes de déficience visuelle
270 millions de personnes malvoyantes à travers le monde sont confrontées à des défis quotidiens en termes de mobilité, comme éviter les obstacles ou trouver leur chemin. biped est un petit harnais équipé de caméras et porté sur les épaules. Tout comme le ferait un véhicule autonome, il peut détecter tous les obstacles et émettre un «bip» bref dans des oreillettes bluetooth pour avertir son utilisateur. L’objectif de biped est de permettre aux personnes malvoyantes de passer du temps à l’extérieur sans stress et de les aider à découvrir de nouveaux endroits en toute autonomie.
Sur ce sujet, un récent reportage sur une chaine de télévision française à vision internationale (FR 24) montrait un sérieux problème de chien guide d’aveugle au Royaume Uni. Le brexit a créé un manque de formateurs pour ces chiens qualifiés pour accompagner des malvoyants. Je ne sais pas si les gens auraient aussi confiance en un objet, fut-il connecté, qu’en un animal, mais spontanément on peut penser que cela pourrait aider à pallier ce manque.
- Gaia Technologies GmbH de Berne (BE) : Transformer les déchets agricoles en ingrédients réutilisables
Les déchets agricoles contiennent une pléthore de ressources qui pourraient remplacer les composés synthétiques utilisés dans les industries cosmétiques et alimentaires. Toutefois, ces déchets sont le plus souvent jetés sans être valorisés. La spin-off de l’EPFZ Gaia Technologies élabore des solutions évolutives pour permettre à l’industrie de remplacer les produits chimiques nocifs par des biocomposants renouvelables. Leur propriété intellectuelle repose sur un absorbant entièrement biodégradable qui peut être régénéré plusieurs fois avant de servir d’amendement pour le sol.
Dans ce domaine, on constate que les déchets agricoles sont une ressource écologique dans de nombreux domaines. Il y a une start-up Up Grain ou encore Proseed, qui exploitent ce filon notamment lié à la fabrication de la bière. Autre exemple dans le domaine du textile ou une société comme Pyratex (basée à Madrid et lancée initialement en Suisse) produit du tissu à partir d’écorce d’orange.
- Limula SA de La Tour-de-Peilz (VD) Pour une thérapie cellulaire et génique plus facile
Les thérapies cellulaires et géniques peuvent sauver la vie de personnes atteintes de maladies qui étaient jusqu’alors incurables, telles que des cancers agressifs. Malheureusement, la production de ces «médicaments vivants» hautement personnalisés est encore si complexe et si coûteuse que très peu de patients ont accès à ce traitement. Limula développe un dispositif entièrement automatisé qui permet de mettre au point des thérapies cellulaires de haute qualité à moindre coût, à la demande et à grande échelle, ce qui pourrait accroître considérablement leur accessibilité.
- Rematter AG de Zoug (ZG) Dalles de sol entièrement recyclables fabriquées par des robots
Le domaine de la construction représente 50 % de la consommation de ressources et 37 % des émissions de CO² dans le monde. Le système de dalles de sol, Rematter utilise de la terre et du bois, des matériaux à faible teneur en carbone, largement disponibles, d’origine locale et recyclables à 100 %. La fabrication robotisée garantit des prix compétitifs et une qualité élevée et constante. Ce système permet aux entreprises de construction de minimiser l’impact environnemental de leurs bâtiments, tout en maximisant les performances et la qualité du climat à l’intérieur des pièces.
- Voltiris AG de Lausanne (VD) Des modules solaires combinant production d’énergie et production agricole
Les serres nécessitent d’importantes quantités d’énergie et les producteurs interrompent leurs activités en raison de la hausse des prix de celle-ci. Ils souhaitent produire de l’énergie solaire, mais les solutions actuelles réduisent le rendement des cultures en leur faisant de l’ombre. Les modules solaires à couleur optimisée de Voltiris filtrent la lumière du soleil et ne transmettent aux cultures que les éléments nécessaires à la photosynthèse, tout en produisant de l’énergie solaire avec la lumière non utilisée. Ceci permet de produire de l’énergie renouvelable sans affecter le rendement des cultures et, en fin de compte, permet aux agriculteurs de continuer à produire les aliments dont nous avons tous besoin.
Vous avez envie de revoir la cérémonie, voici la vidéo mise en ligne par la fondation De Vigier
5 autres finalistes aux projets à suivre
5 lauréats sur 10 finalistes, veut donc dire qu’il y a 5 candidats lors de ce concours 2023 de la Fondation De Vigier dont les projets non pas été doté de cette belle enveloppe de 100 000 CHF. Mais cela ne veut pas dire que leurs projets ne sont pas sans valeur. Voila la liste des 5 startups.
Un petit focus sur ce projet que je trouve personnellement excellent. Pour gérer des sujets mode dans mon autre blog, la question des emballages plastiques revient très souvent dans le monde du textile. Les algues sont une belle alternative. C’est une matière qui s’utilise aussi pour faire des tissus, comme le montre Pyratex, une boite installée à Madrid qui avait lancé son idée en Suisse, comme expliqué un peu plus haut.
Pour avoir vu récemment un reportage sur l’Uruguay qui souffre d’un déficit en eau potable alors que Google veut installer un datacenter glouton en eau, ce produit a, sans doute, hélas, un bel avenir.
À propos du prix W.A. de Vigier
Depuis 1987 Au cours des 34 années d’existence, la Fondation a distribué près de CHF 14 millions de capital de départ. Le résultat affiche plus d’une centaine de start-ups performantes, des entrées en bourse menées avec succès, de nombreuses cessions d’entreprise et, surtout, de nombreuses créations d’emplois.
L’objectif de la Fondation W.A. de Vigier est de stimuler activement le développement des entreprises et de fournir un soutien financier direct (à fonds perdu) aux jeunes gens qui ont des idées commerciales novatrices et qui souhaitent créer des entreprises performantes et axées sur la croissance en Suisse. Les éléments suivants sont déterminants dans l’évaluation des projets: la personnalité des entrepreneurs, le caractère innovant, la valeur ajoutée pour la société dans son ensemble, la viabilité technique et financière, les perspectives commerciales et le potentiel de création d’emplois.