Le Top 100 Startup Award s’est déroulé début septembre et la crème de la crème des startups suisses est montée sur la scène de la Mag Halle à Zurich. Il n’y avait pas que les lauréats qui ont pris place sur la large scène, on y a même vu un drôle d’objet volant, sphérique comme un ballon, qui avec son bruit vibrionnant a matérialisé la victoire de Flyability sur la plus haute marche du podium, le drone Elios2. Je pense que les organisateurs redoutent de voir gagner Piavita, start-up dans le domaine de la santé équestre, rien qu’à la pensée de devoir faire monter un équidé on stage ;).
Flyability est le lauréat 2019
Flyability (4ème de l’année dernière) illustre parfaitement l’attractivité mondiale de la Swiss Tech. Avec plus de 350 clients répartis sur les marchés mondiaux, la spin-off de l’EPFL est le leader du marché des inspections de sites dangereux dans les secteurs nucléaire, énergétique, chimique et minier. Présent à Vivatech, animateur de la Volière du Pavillon Suisse en 2018, la start-up réalise plus de la moitié de son CA avec les Etats Unis et le Canada, après avoir remporté en 2015 un concours à Dubaï qui lui avait rapporté 1 million de francs suisses. Eh oui, les dotations ne sont pas les mêmes partout ;). Adrien Briod, cofondateur et directeur technique, a souligné l’importance du TOP 100 Swiss Startup Award dans l’établissement des références de Flyability. «Notre position dans le TOP 100 Swiss Startup Award au cours des dernières années nous a permis d’accroître notre crédibilité auprès des investisseurs et des clients potentiels.»
Lunaphore progresse encore
Le finaliste Lunaphore (3ème de l’année dernière) a lancé cette année sa première machine automatisée de diagnostic tissulaire, destinée aux principaux leaders d’opinion de l’industrie. Des collaborations avec la société PerkinsElmer, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, et le cabinet de recherche biomédicale Vitro, soulignent le potentiel de la technologie de coloration des tissus à haute vitesse de cette start_up pour révolutionner le diagnostic en laboratoire et permettre une médecine plus personnalisée notamment dans le domaine de la lutte contre le cancer. La start-up était 9 ème en 2017, 3 ème l’année dernière et sur la seconde marche du podium en 2019. Belle progression !
Ava réalise un triplé en montant encore sur le podium
La start-up Ava Women, s’est classée troisième, après avoir été 1ère, 2 années de suite. Une belle performance qui est due aussi en partie à la croissance impressionnante, le chiffre d’affaires dépassant les 10 millions de francs suisses, la création de nouveaux bureaux à Hong Kong et le développement en Chine.
Guest Ready remporte le vote du public
Le gagnant du vote du public cette année est GuestReady. Start-up basée dans la ville de Trogen (Appenzell) (1 742 habitants), avec plus de 150 employés, elle est l’une des sociétés ayant la plus forte croissance sur le marché de la location d’appartements de courte durée. Elle propose un service de gestion complet allant du marketing au nettoyage, en passant par l’enregistrement. GuestReady est désormais présent dans 14 villes du monde avec un revenu locatif de plusieurs millions de francs par mois. C’est la première société de gestion d’Airbnb en France.
Il y a en effet tout un éco-système qui se crée autour des grandes plateformes qui ont disrupté le monde du Tourisme. Une belle performance qui résonne particulièrement à l’heure ou les médias font écho de la faillite de Thomas Cook, laissant 600 000 touristes au bout du tarmac au moment de devoir rentrer chez eux.
Connaissez vous les Olgarithmes ?
Bien sûr en plein coeur de Zurich, tout le mode connait les algorithmes. Ces logiciels qui vont reconnaître, analyser et associer des datas pour rendre l’intelligence artificielle pertinente, sont bien connus dans le monde entier et par tous les Zooglers. Mais en Suisse on a une particularité. On produit des Olgarithmes. Une spécificité qui a un genre, féminine et une classe, intelligence naturelle. Ces Olgarithmes ont fait leurs effets à plusieurs reprises lors de la soirée. D’abord par la présence féminine qui a accompagné Jordi Monserrat toute la soirée pour co-présenter les différents thèmes de cet événement. Il s’agissait d’Olga Peters CFO de Qualysense, qui pendant les 5 années ou la start-up a été présente dans le classement est passée de la 26 ème place en 2011 à la 8 ème en 2015. Il y eu ensuite Olga Dubey dont la start-up Agrosustain a été élue comme meilleure newcomer lors du vote de l’audience en Live. L’entreprise termine 49 ème au classement général. J’avais déjà eu l’occasion de rencontrer son équipe lors de la Seed Night et j’espère bien qu’elle fera partie des prochains lauréats.
Du Top 100 au scale Up 25 !
Vous le savez, les startups peuvent participer à cette compétition pendant 5 ans. A l’issue de cette période, elles ne peuvent plus être candidate. C’est toujours un peu difficile de quitter cette famille, même quand on a grandi, qu’on a des investisseurs étrangers, qu’on vend tout autour du globe. Regardez la photo empreinte d’une certaine nostalgie de Bestmile sur scène. Présente depuis donc 5 ans, elle a été dans le Top 10 et était présente pour sa dernière année. C’est pourquoi en 2019, l’équipe organisatrice des Top 100 Swiss Startup Award, a demandé à leur jury d’experts de créer un classement des Top 25 Scale Up afin que l’on puisse continuer à suivre ces high-flyers. Une démarche un peu dans le même esprit que celle de la France qui vient de lancer son indice NEXT40, pour suivre ses plus beaux potentiels de la French Tech.
Une montée en puissance qui est nécessaire en tenant compte de la progression de l’Europe
Depuis 2011, 397 nouvelles entreprises se sont classées dans le TOP 100 et ont à ce jour attiré près de 4,3 milliards de CHF d’investissements, soit une moyenne d’environ 11 millions de CHF chacun. En 9 ans, ces 397 entreprises se sont emparées des 900 places disponibles. Chacune est donc présente au moins 3 fois. Est ce un signe que la création en Suisse est assez fiable pour durer ou que le renouvellement n’est pas assez fort ? Les spécialistes pourront répondre. Je constate quand même que la Suisse aime les entreprises qui proposent à la fois du software et du hardware. LESS avait gagné plusieurs fois, tout comme Ava Women. Cette année, les 3 premières places sont occupées par des entreprises qui associent les 2 éléments. Bestmile, malgré sa belle logique et sa non moins belle progression n’est jamais arrivée sur la plus haute marche du podium. Olympe est son principe de edge computing n’est pas sur le dessus du panier. Par ailleurs, certains secteurs, je pense aux startups de la Crypto Valley, ont un peu de peine à se frayer un chemin jusqu’au sommet.
En tout cas les chiffres de progression sont intéressants. Il le faut car en parallèle, on constate que l’Europe ne chôme pas. Le sémillant Président Français qui pense qu’il suffit de traverser la rue pour créer sa start-up et/ou trouver du travail, a annoncé récemment que 5 milliards allaient être injecté dans l’écosystème start-up français pour favoriser leurs déploiements à l’étranger. Un plan qui est décidé à la suite d’un rapport remis par Philippe Tibi, ancien responsable France …. d’UBS ;). Les Echos nous indiquent que 61% des revenus des startups françaises sont déjà générés à l’étranger en 2018 contre 56% en 2017. Le rapport d ‘EY pour France Digitale révèle aussi qu’un tiers des jeunes pousses ont reçut un financement d’un fonds de capital risque étranger. Il faut donc viser rapidement au delà des frontières et le Top 100 Swiss Award montre que c’est une volonté des leaders et espérer que ces jeunes entreprises ne fassent pas les frais d’une éventuelle guerre commerciale que les USA et l’Europe semblent envisager.